vendredi 1 mars 2013

La bêtise au nom de la science - Edito Mars 2013


– « Cela ne m’intéresse pas, j’ai fait des études ! »

Le pharmacien clos ainsi péremptoirement la discussion avant même qu’elle ne commence. La cause est entendue : ses études l’ont rendu omniscient et le préserveront de toute remise en question passée, présente ou future.

La problématique était celle des ondes électromagnétiques, un  secteur d’activité pourtant réputé pour sa grande transparence au regard de ses faibles intérêts économiques et stratégiques  et où les normes en vigueur sont tellement draconiennes qu’elles permettent aux pouvoirs publics de réciter en chœur que les ondes ne posent pas de problème.  – « Vive les ondes ! J’adore les ondes ! » me déclama également une pharmacienne de Genève. Les fourmis ne seront pas tout à fait d’accord (voir la vidéo du mois) mais les fourmis ne sont pas de bonnes clientes…

Pourquoi des déclarations aussi surprenantes ? Tentons de lister quelques possibilités:
 
1. La logique financière : « Il est difficile pour un homme de comprendre une chose si son salaire dépend de ce qu'il ne la comprenne pas.» disait Upton Sinclair.  Nier la nocivité d’une pollution quelconque, c’est bon pour les affaires puisque les clients ne seront jamais aussi bons clients que bien malades. Un tel cynisme pourrait surprendre mais une analyse objective de la situation économique oblige à admettre qu’une bonne proportion de la Sainte Croissance repose sur des secteurs d’activité hautement dommageables pour l’homme et la planète.

2. La logique cartésienne et égocentrique : « Je pense donc je suis ». Je n’y ai jamais pensé donc cela n’existe pas. Mes études ne m’en ont pas parlé donc ce n’est pas possible. Je ne les vends pas donc cela n’a aucun intérêt. Mon petit monde se retrouve scindé en deux: d’un côté le bien (ce que je fais, ce que j’ai appris, ce que j’aime, ce que je connais), de l’autre le mal (globalement tout le reste). Cette vision des choses est excessivement manichéenne et schématique mais au moins je m’y retrouve et du reste ne vous ai pas demandé votre avis !

3. La logique scientifique « moderne » : ce qui ne s’explique pas d’après un protocole obéissant aux dogmes en vigueur doit être combattu avec la plus extrême fermeté. « Nier parce qu’on n’explique pas, rien n’est moins scientifique » a dit l’homme de science Henri Poincaré mais force est de constater que la science moderne se caractérise moins par son ouverture d’esprit que par son obscurantisme. L’ampoule du « siècle des lumières » s’est de toute évidence éteinte. Parce que la recherche – notamment médicale – est essentiellement financée par des intérêts mercantiles ?  Parce que la recherche – après avoir combattu les superstitions religieuses – s’est elle-même transformée, la nature ayant horreur du vide,  en nouvelle religion avec ses experts-curés et ses journalistes-dévots ?  Sa chasse aux sorcières, également, pour tous ceux qui sortent des sentiers-battus : Jacques Benvéniste, chercheur éminent de l’INSERM et sa « mémoire de l’eau » ?  Au bucher des vanités !  Tout médecin français essayant de traiter un cancer via des thérapies naturelles ?  Devant l’Ordre des Médecins !  Peu importe les découvertes de la physique quantique, le bon sens ou les témoignages des patients : tout ce qui n’est pas compris – ou rentable – doit être nié. Le sérieux de la science et l’arrogance des scientifiques en dépend !  Leur prestige et leur rémunération également (Cf. le point 1) : qu’adviendrait-il en effet à un scientifique ou à un médecin qui aurait l’humilité d’admettre avec Socrate « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » ?

4. La simple paresse humaine et son besoin de (ré)confort ?  « Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit » a écrit le philosophe Alain mais réfléchir prend du temps, laisse des traces, est difficile et dangereux. « Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu'un atome » a dit Einstein.  Il est plus facile de refuser une discussion que de prendre le risque de se remettre en question. Il est plus sûr de rester dans sa caverne que de remonter vers le soleil.  Il est plus rapide de continuer ses habitudes que de changer d’itinéraire.  Il est plus confortable de côtoyer des personnes qui pensent comme nous que d’aller à la rencontre des inconnus. Le besoin de sécurité est inhérent à l’espèce humaine ?  En partie sans doute mais quel serait l’intérêt d’une vie sans surprises et sans découvertes, sans stimuli et sans rencontres ?  La vie induit le changement et donc le danger.  Seule la mort est entièrement sécurisée.

De ce point de vue, la voie du mieux-être et des thérapies naturelles est on ne peut plus vivante et stimulante !  Il n’y existe pas une approche unique, une technique "supérieure", des études strictement encadrées et donc de dogme : le (masso)thérapeute n’est – normalement pas – prisonnier d’un protocole mais à l’écoute de ses patients, de leurs expériences et de leurs énergies, au contact de la vie et de ses mystères. 

Dans la majorité des cas, le (masso)thérapeute aura également « fait des études ». Dans le meilleur des cas, il aura réussi à les dépasser !

Frat’airnellement


Fencienne & Benoît Saint Girons
Le Centre Oasis à Genève
www.lemieuxetre.ch  

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