– « Cela ne
m’intéresse pas, j’ai fait des études ! »
Le pharmacien clos
ainsi péremptoirement la discussion avant même qu’elle ne commence. La
cause est entendue : ses
études l’ont rendu omniscient et
le préserveront de toute remise en question passée, présente ou future.
La problématique
était celle des ondes électromagnétiques, un secteur d’activité
pourtant réputé pour sa grande transparence au regard de ses faibles
intérêts économiques et stratégiques et où les normes en vigueur sont
tellement draconiennes qu’elles permettent aux pouvoirs publics de
réciter en chœur que les ondes ne posent pas de problème.
– « Vive les ondes ! J’adore les
ondes ! » me déclama
également une pharmacienne de Genève. Les fourmis ne seront pas tout à
fait d’accord (voir la vidéo du mois) mais les fourmis ne sont pas de
bonnes clientes…
Pourquoi des
déclarations aussi surprenantes ? Tentons de lister quelques
possibilités:
1. La logique financière :
« Il
est difficile
pour un homme de comprendre une chose si son salaire dépend de ce qu'il
ne la comprenne pas.» disait
Upton Sinclair. Nier la nocivité d’une pollution quelconque, c’est bon
pour les affaires puisque les clients ne seront jamais aussi bons
clients que bien malades. Un tel cynisme pourrait surprendre mais une
analyse objective de la situation économique oblige à admettre qu’une
bonne proportion de la Sainte Croissance repose sur des secteurs
d’activité hautement dommageables pour l’homme et la planète.
2. La logique
cartésienne et égocentrique :
« Je pense donc je suis ». Je n’y ai jamais pensé donc cela
n’existe pas. Mes études ne m’en ont pas parlé donc ce n’est pas
possible. Je ne les vends pas donc cela n’a aucun intérêt. Mon petit
monde se retrouve scindé en deux: d’un côté le bien (ce que je fais, ce
que j’ai appris, ce que j’aime, ce que je connais), de l’autre le mal
(globalement tout le reste). Cette vision des choses est excessivement
manichéenne et schématique mais au moins je m’y retrouve et du reste ne
vous ai pas demandé votre avis !
3. La logique
scientifique « moderne » :
ce qui ne s’explique pas d’après un protocole obéissant aux dogmes en
vigueur doit être combattu avec la plus extrême fermeté. « Nier parce
qu’on n’explique pas, rien n’est moins scientifique » a dit l’homme
de science Henri Poincaré mais force est de constater que la science
moderne se caractérise moins par son ouverture d’esprit que par son
obscurantisme. L’ampoule du
« siècle des lumières » s’est de toute évidence éteinte.
Parce que la recherche – notamment médicale – est essentiellement
financée par des intérêts mercantiles ? Parce que la recherche – après
avoir combattu les superstitions religieuses – s’est elle-même
transformée, la nature ayant horreur du vide, en nouvelle religion avec
ses experts-curés et ses journalistes-dévots ? Sa chasse aux sorcières,
également, pour tous ceux qui sortent des sentiers-battus : Jacques
Benvéniste, chercheur éminent de l’INSERM et sa « mémoire de l’eau » ?
Au bucher des vanités ! Tout médecin français essayant de traiter un
cancer via des thérapies naturelles ? Devant l’Ordre des Médecins !
Peu importe les découvertes
de la physique quantique, le bon sens ou les témoignages des patients :
tout ce qui n’est pas compris – ou rentable – doit être nié. Le sérieux
de la science et l’arrogance des scientifiques en dépend ! Leur
prestige et leur rémunération également (Cf. le point 1) :
qu’adviendrait-il en effet à un scientifique ou à un médecin qui aurait
l’humilité d’admettre avec Socrate « Je ne sais qu’une chose, c’est
que je ne sais rien » ?
4. La simple
paresse humaine et son besoin de (ré)confort ?
« Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit » a écrit le
philosophe Alain mais réfléchir prend du temps, laisse des traces, est
difficile et dangereux. « Il est plus
difficile de désagréger un préjugé qu'un atome » a dit Einstein. Il
est plus facile de refuser une discussion que de prendre le risque de se
remettre en question. Il est plus sûr de rester dans sa caverne que de
remonter vers le soleil. Il est plus rapide de continuer ses habitudes
que de changer d’itinéraire. Il est plus confortable de côtoyer des
personnes qui pensent comme nous que d’aller à la rencontre des
inconnus. Le besoin de sécurité est inhérent à l’espèce humaine ? En
partie sans doute mais quel
serait l’intérêt d’une vie sans surprises et sans découvertes, sans
stimuli et sans rencontres ?
La vie induit le changement et donc le danger. Seule la mort est
entièrement sécurisée.
De ce point de vue, la voie du
mieux-être et des thérapies naturelles est on ne peut plus vivante et
stimulante ! Il n’y existe pas une approche unique, une technique
"supérieure", des études strictement encadrées et donc de dogme : le (masso)thérapeute
n’est – normalement pas – prisonnier d’un protocole mais à l’écoute de
ses patients, de leurs expériences et de leurs énergies, au contact de
la vie et de ses mystères.
Dans la majorité des cas, le (masso)thérapeute
aura également « fait des études ». Dans le meilleur des cas, il aura
réussi à les dépasser !
Frat’airnellement,
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